COSMOLOGIE DES CHAMBRES
À l’abri du bruit, l’artiste se retrouve seule pour créer. Jour après jour, elle entre dans son atelier à la recherche de sens et de beauté, et c’est à partir de sa solitude que le travaille commence. Pourtant, cette solitude cherche à briser son propre isolement. L’artiste ne cherche jamais son propre reflet. Là, dans cet endroit qui la confine, elle ouvre, en creux, un monde qui la dépasse. L’expérience qu’elle nous partage est celle d’une ouverture. Plus elle creuse cette expérience, plus l’artiste s’efface en laissant place à l’autre ; à son regard, à sa propre lecture et à ses rêves. Ce qui apparaît dans la Cosmologie des chambres est cette ouverture par laquelle on peut se rejoindre et rêver ensemble un monde ouvert, comme des insomniaques du jour.
Dans cette oeuvre, l’artiste Annie Baillargeon met en tension deux types d’espaces et la manière d’habiter ceux-ci. En plus d’une pratique qui intègre la performance, la photographie et la peinture, elle rassemble, souvent en une seule image, le confiné et l’illimité. L’espace clos de la chambre, espace privilégié du recueillement, du sommeil et de l’intime, rejoint un monde plus large, public et commun, qui nous dépasse, mais qui nous abrite aussi. L’image met en scène cette rencontre d’éléments en tension. C’est en cela qu’il y a ouverture : l’un cherche à rencontrer l’autre.