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LES NATURES MORTES
ÉPISODES DE PETITS DÉCLINS

Dans l’histoire de l’art, il est rare qu’un être vivant ait été représenté au sein d’une nature morte. Si tel est le cas, Les natures mortes de Baillargeon transgresseraient le caractère inerte du genre pour remplacer les traditionnelles corbeilles de fruits par des corps féminins exaltés dans diverses mises en scène épisodiques. Ses photographies trafiquées de peinture confondent les limites du rêve et de la réalité en proposant une mythologie déjantée de l’histoire et de la contemporanéité, d’un passage de l’énergie à l’agonie.

À l’ère du contemporain, la quête de sens demeure une réflexion inéluctable chez plusieurs d’entre nous. On peut se demander si ce désir de donner une signification à son existence, à se choisir une place dans le monde ou à se construire une vie idéalisée a toujours été présente chez l’être humain. Est-ce que l’Homme de la Préhistoire remettait sa vie en question ou est-ce le confort d’une société organisée qui amena cette volonté de se dépasser, de comprendre son lien avec l’univers et de tenter de démystifier les mystères de la vie ?

 

Ces grandes questions sont abordées par Annie Baillargeon dans l’exposition Les natures mortes / Épisodes de petits déclins. L’être humain se veut ici l’élément central des compositions numériques en proposant plusieurs déclinaisons de possibilités d’une même situation. Cette multiplicité des silhouettes dans diverses positions n’est pas sans évoquer les mouvements répétitifs que nous faisons sans y porter attention. Si on pouvait étudier attentivement chacune de nos actions, on aurait la distance nécessaire pour observer sa vie, comme chaque mouvement décomposé d’un film d’animation, et en saisir la répétition de nos comportements et de nos attitudes. Bien que le corps féminin y soit privilégié, et particulièrement celui de l’artiste, les prises photographiques, les costumes et les accessoires favorisent une perte d’identité des personnages. Ici la performeuse ne cherche pas à se représenter comme l’artiste dans ses créations, mais bien à personnifier une femme parmi les autres femmes. Dans certaines œuvres, le corps perd son identité sexuelle pour revêtir toute la vulnérabilité des mortels. Les rehauts de peintures et d’aquarelle brouillent la maitrise technologique de l’image en cherchant à imposer l’unicité d’un réel réinventé.

                                                                                                                                                                                                                                                                                             Texte: Jocelyne Fortin

Détail Les Récoltes.jpg

Les récoltes, 2015

 Détail de l'oeuvre

Crédit: Étienne Boucher

PRESSES

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